Sur les premiers mois de 2022 Les bottes d’Anémone ont réalisé leur première “levée de fonds”. Mais alors qu’est ce que c’est, à quel moment le faire, pourquoi et comment le faire? Voici mon retour d’expérience après des semaines de questionnements et de mise en place, couronnés par un joli succès de 251 contributeurs et plus de 15000€ financés pour nos projets.
Pourquoi et quand a-t-on besoin de « fonds » ?
Bon clairement, pour un.e entrepreneur.e qui démarre l’expression “lever des fonds” est à mes yeux un terme à mode et qui peut faire peur mais qui signifie tout simplement: financer son entreprise ou un projet de son entreprise par autre chose que le chiffre d’affaires. En termes concret :
Je lance mon entreprise et je n’ai pas de sous de côté ? Je peux me faire financer par, une banque, une communauté (via le crowdfunding), ou des investisseurs.
Mon entreprise existe déjà et je souhaite développer un projet dont les investissements de départ sont trop lourds pour ma jeune trésorerie ? J’ai aussi besoin de financements extérieurs.
C’était le cas pour Les bottes d’Anémone avec le lancement de la ferme florale, et nous avons choisi après beaucoup de lectures, podcasts et webinaires de nous diriger vers le financement participatif (ou crowdfunding).
Quelles questions se poser en amont ?
> Quelle somme ai-je besoin de réunir pour réussir mon projet ?
> Que suis-je prêt à offrir en retour (des contreparties matérielles, une part de mon capital d’entreprise, un pourcentage de mon futur chiffre d’affaires….) ?
> Est ce que j’ai déjà une communauté engagée autour de mon projet qui sera un bon relai de soutien et diffusion ?
> Dans combien de temps ai-je besoin que ces fonds soient dans mon compte ?
Les réponses à ces questions vous aideront à décider du meilleur moyen de financement selon le stade de votre entreprise et le montant recherché.
Par exemple: si j’ai besoin de 2000€ pour lancer mon site internet, ou si j’ai besoin de 200000€ pour industrialiser une machine qui révolutionnera l’efficacité de mon entreprise, la dimension du projet n’est pas la même, l’urgence est différente et les contreparties seront aussi différentes.
Pour faire un premier tour d’horizon des différentes façon de se financer en dehors des banques, je recommande ce webinaire proposé par We Do Good qui en a réalisé un super résumé concret et accessible.
Si la réponse à ces premier questionnement est “Financement participatif avec contreparties”, alors la suite est pour vous 😀
Comment bien choisir sa plateforme de financement participatif ?
Il existe des centaines de plateformes, plus ou moins connues et plus ou moins spécialisées qui n’auront pas toutes le même fonctionnement.
Dans le choix de notre plateforme, nous avons pris en considération 3 indicateurs :
– La spécialisation de la plateforme : Il existe des plateformes nationales et super connues comme Ulule, des plateformes régionales comme Kengo.bzh pour la Bretagne, mais aussi des plateformes spécialisées sur certains domaines. En l’occurrence nous avons fais le choix de Miimosa car c’était pour nous la plateforme la plus engagée pour les projets environnementaux, ce qui signifie que leur audience (ce qui suivent leurs publications et reçoivent leurs newsletters) ont plus de chances de se sentir engagés par notre projet qui correspond à leurs valeurs, et à nous donner un coup de pouce.
– La commission pour l’accompagnement : La majorité des plateformes prend une commission sur le succès du financement qui tourne autour de 8% du montant collecté. C’est à mes yeux dans le cas de Miimosa totalement justifié : nous avons reçu un accompagnement spécialisé, des guides de bonnes pratiques avant et pendant la campagne, des conseils et une présence tous les jours, une forte réactivité des équipes à nos questions et besoins d’ajustements: pour moi c’était normal et juste de “régler” cette prestation. Le seul point de vigilance que j’en retiens: attention lorsque vous préparez votre budget à tenir compte de cette commission, histoire d’avoir le bon budget à la fin.
– Le seuil de succès : Certaines plateformes imposent un seuil de succès: à la fin du temps imparti, si vous n’avez pas atteint X% du montant visé, les donateurs seront remboursés et vous ne toucherez rien du tout. C’est quand même un point de vigilance pour vous: se lancer dans une campagne de financement participatif c’est beaucoup d’énergie et de temps donc le faire au bon moment et avoir la disponibilité pour animer tout au long de la période est primordial.
Bien penser au budget dans son ensemble ?
Un tout petit point d’attention ici : pour construire votre budget, vous aurez bien sur établi des devis de ce que vous devez financer. Mais n’oubliez pas que vos contreparties vont aussi avoir un coût pour l’entreprise, et l’envoi des contreparties si ce sont des objets (emballages + expédition) coûte cher. Et enfin ne pas oublier d’intégrer la commission. A titre d’exemple le budget dont nous avions besoin était de 15000€. Avec les 8% de commission il nous fallait réunir 16200€, et ensuite nous avons dépensé environ 1000-1500€ entre les contreparties, les emballages, les petits mots pour remercier, et les frais d’expédition. Au total pour avoir 15000€ pour lancer notre projet on avait en réalité besoin de 17700€. Ça monte vite donc autant y penser !
La campagne est lancée ? Pensez à solliciter TOUT – LE – MONDE et via TOUS les canaux de diffusion
Les plateformes sont là pour nous accompagner, mais c’est bien de le redire: le monde ne vous attend pas pour vivre et dépenser son argent ailleurs 😅.
Une fois votre campagne lancée il va falloir constituer une liste à l’écrit de véritablement TOUT votre écosystème.
Pour vous aider, voici notre liste :
– Amis, famille, belle famille.
– Presse (pensez à tout: radio, journal local, journal municipal, internet: vous serez surpris.e de l’impact que ça peut avoir !).
– Si votre projet a un impact sur votre commune: une affiche à la mairie et dans les commerces + publication sur les réseaux et news de ceux ci.
– Faites vous partie de réseaux d’entrepreneurs ? Ecrivez leur un email !
– Faites vous partie d’un club de sport / d’une association / d’un groupe ? Ecrivez leur un email !
– Les réseaux sociaux: vos personnels (c’est plus facile de donner quand on connait la personne), et ceux de votre entreprise.
– Sollicitez votre plateforme de financement participatif pour apparaitre dans leur newsletter aux donateurs + sur leurs publications de leurs réseaux sociaux.
– Refaites votre répertoire en intégralité, et allez voir du coté de vos anciens collègues, copains de promos, contacts FB : vous serez surpris.es !
– Parlez en bien sur à vos clients, vos fournisseurs, via des emails un peu plus personnalisés: ils seront contents de relayer: un nouveau projet c’est toujours super enthousiasmant
En bref : Instagram ne suffit LARGEMENT pas. Il faut être présent.e partout en même temps, et tenir dans le temps l’audience engagée dans cette aventure. Donnez des nouvelles régulières à chaque fois qu’un palier est passé ou que vous faites quelque chose en rapport avec ce financement. Par exemple nous avons inondé de relances nos contacts lorsque nous avons acheté les premières graines, pour leur montrer que le projet était déjà concret et les encourager à devenir eux même ambassadeurs du projet et embarquer du monde autour d’eux.
Un conseil personnel : soignez vraiment votre première annonce de lancement : avec Les bottes d’Anémone on a choisi une vidéo rigolote qui nous ressemblait, ça ne nous a pas coûté grand chose et ça a eu dès le premier weekend beaucoup de partages et de retentissements positifs. La vidéo est à revoir ici :
Comment choisir les contreparties ?
Si les gens vous soutiennent c’est qu’ils aiment ce que vous proposez. Ne cherchez pas à changer de voie et trop innover. Pour nous clairement les donateurs étaient intéressés par les fleurs et le fait de nous aider à changer le monde. On a donc construit autour de cet univers différentes propositions de contreparties: du marque page ensemencé, au grand bouquet de fleurs fraiches ou séchées, au parrainage d’un des arbres de la ferme florale… Bon à savoir : il parait que la contribution moyenne d’un particulier en France se situe entre 50 et 60€ : veillez donc à proposer un truc vraiment sympa dans cette échelle. Si vous êtes à sec d’idées, rien de mieux que d’aller flâner sur les autres projets de la plateforme et de regarder ce qui est proposé : des milliers d’idées sympas à portée de clic.
N’oubliez pas de prévoir beaucoup de temps pour la gestion et l’envoi des contreparties: pour nous il a fallu gérer 251 donateurs aux quatre coins de la France (et du Mexique !) donc un gros temps à bien organiser et prévoir en amont. Pour nous il a fallu un mois pour que toutes les contreparties soient envoyées (pas un mois à plein temps bien sur mais quand même une bonne journée par semaine je dirais).
Cet article serait beaucoup trop long si j’allais dans plus de détail mais j’aurai plaisir à l’étoffer au gré de nos aventures florales avec d’autres liens, je vous souhaite une bonne lecture et bien sur une bonne campagne de financement participatif. Que la force des fleurs soit avec vous 🌺.
– Tiphaine