Journal d’une jeune entreprise à impact engagée dans la Convention des Entreprises pour le Climat – Épisode 2

Journal d’une jeune entreprise à impact engagée dans la Convention des Entreprises pour le Climat – Épisode 2

Avant propos

Avant de vous lancer dans la lecture de ce second billet, je vous invite à vous plonger dans le premier, car celui ci constitue vraiment une suite logique. Lien vers le premier épisode ici.

C'est avec cette question qu'a démarré la seconde session de la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC) à l'hôtel de région à Nantes, ces 9-10-11 mars 2023.

Accompagnée d'Emma, j'ai donc rejoint nos camarades de promotion Ouest, avec beaucoup d'envie et de motivation, après une session 1 qui avait laissé des traces chez beaucoup d'entre nous.

Parmi les autres participants - et c'est là l'une des richesses de ce groupe - des entités de tous secteurs et toutes tailles. Pendant cette CEC les dirigeant.e.s de grands groupes centenaires familiaux aux milliers de salariés côtoient des dirigeant.e.s d'associations d'accueil de personne.s handicapées, des établissements bancaires et autres financeurs de l'entrepreneuriat, des fondateurs engagés de PME de l'alimentaire, du transport, de la construction, et des start-ups plus jeunes et plus petites dans les équipes. Certains sont déjà très avancés sur le sujet RSE, d'autres ont besoin d'embarquer leurs collaborateurs, d'autres sont face à des défis de modification radicale de leurs modèles pour s'adapter aux grands défis qui nous attendent.

En tant que jeune entreprise engagée dès sa création (impact native), avec une équipe relativement petite, motivée et engagée, on nous a beaucoup demandé ce weekend si on avait "quand même l'impression d'avancer". Vous allez voir que la réponse est évidemment....oui !

Découvrir ce qu'est une entreprise regénérative

Après nous avoir posé cette question : "Pouvez vous nous décrire la dernière fois que, dans le cadre de votre vie professionnelle, vous êtes entré.e en contact avec le Vivant?".

Cette question qui pour nous au sein des bottes d'Anémone est évidente, ne l'est pas pour tous. Dans les structures de conseil, de banque, de financement, beaucoup de nos camarades sont restés à se gratter la tête de longues minutes, avant de répondre qu'ils/elles n'en avaient aucune idée.

Pour démarrer cette seconde session de la CEC, les équipes organisatrices ont décidé de nous proposer d'effectuer la toute nouvellement créée Fresque de l'entreprise régénérative, mise sur pied par Open Lande.

Une super façon pour chacun et chacune de se reconnecter au fait que si nos activités existent, c'est grâce à la nature, au vivant au sens large (végétal, animal...), aux ressources que la terre nous fournit pour pouvoir exister. Se reconnecter également aux effets positifs et négatifs de nos activités sur la planète et les ressources, et comprendre que l'entreprise a un rôle central et essentiel à jouer pour pouvoir continuer à exister.

S'inspirer

Si au final, l'entreprise parfaite n'existe pas (pas encore ?), et le modèle régénératif est un objectif d'amélioration constante, cette session a été aussi l'occasion de nous inspirer de modèles qui avançaient de façon très engagée et concrète dans le sens de transformer l'économie.

Un super témoignage notamment de l'entreprise Revisit, basée à Angers et spécialisée dans le ré emploi du mobilier d'entreprise.

Pour nous en tant qu'entreprise déjà bien au contact des autres entrepreneurs à impact et notamment à travers notre lien avec l'association Entrepreneurs pour la Planète, c'était moins une découverte mais plutôt un coup de boost, de se sentir faire partir d'un éco système qui bouge les lignes, et se sentir dans le bon chemin. Pour les structures plus anciennes parmi nos camarades, une vraie inspiration, l'envie d'identifier les acteurs de leurs territoires avec qui travailler et créer des synergies.

Décortiquer les modèles d'affaires

À la suite de cette matinée inspirante, au boulot !

En sous groupes (que l'on appelle ici Camps de base), la suite de la session était ensuite consacrée à reprendre - via une méthodologie super efficace - la base des modèles d'affaires de chaque entité, et de se poser les questions des effets positifs et négatifs de chacune de nos activités économiques sur chacune des 9 limites planétaires.

Si vous n'êtes pas encore très au fait sur les limites planétaires, j'ai trouvé ce documentaire d'1h génial et très parlant.

Avec Emma en binôme nous avons donc questionné notre utilisation des ressources : parmi nos besoins pour exister en tant que Les bottes d'Anémone, de quelles ressources avons nous besoin (parmi elles bien sur les fleurs : donc une terre vivante, de l'eau, du soleil...), et lesquelles sont en danger aujourd'hui ?

Nous avons établi quelles étaient les externalités négatives de l'activité des bottes d'Anémone sur chacune des limites planétaires, et aussi les externalités positives. Puis se sont posées les questions des choix : qu'est ce que l'on souhaite conserver dans notre activité, qu'est ce que l'on maintient tant qu'il n'existe pas de meilleure alternative, et surtout, à quoi est ce que l'on fait le choix de renoncer. Pour nous par exemple, nous avons indiqué vouloir renoncer à travailler avec les producteurs qui nous envoient encore des bottes de fleurs emballées dans du plastique. Pour nos voisins il s'agissait de choisir leurs clients, ou parfois mêmes les modèles d'entreprises qu'ils souhaitaient financer ou pas.

L'objectif de la session était d'arriver à faire émerger une "question générative", qui constituera tout au long de l'année notre socle de travail pour revisiter les modèles d'affaires et les transformer. La question qui a émergé pour Les bottes d'Anémone est donc la suivante (d'après les anciens c'est une question qui pourra évoluer au fil du parcours) :

"Comment pourrions nous participer au développement d’une horticulture respectueuse de la biodiversité et à la promotion d’un commerce de proximité, en favorisant autant que possible le recours à des partenaires locaux et engagés dans une même démarche responsable, tout en supprimant les externalités négatives liées à un déploiement logistique territorial ?"

Nouveau cap 2030

Pour aller plus loin, et nous permettre de repartir avec des débuts de pistes, le travail a ensuite été axé, au travers d'ateliers et de partages en sous groupes, sur la vision de notre entreprise en 2030.

Le thème du weekend, au delà de la re connexion au vivant, a été aussi d'après moi de libérer les freins, les esprits, la créativité. La méthodologie de la CEC est vraiment hyper avancée et permet de placer chaque participant.e dans un état d'esprit ouvert et constructif. Nous avons notamment utilisé une méthode appelée les six chapeaux de Bono, hyper efficace pour cadrer et pousser plus loin une question, et amener chaque personne à dépasser sa posture habituelle.

J'étais ravie de voir Emma se montrer plus ambitieuse et sure que moi sur la capacité des bottes d'Anémone à changer le monde de la fleur et faire évoluer l'écosystème complet avec notre capacité d'influence.

Notre cap 2030 est d'ailleurs le suivant (mars 2023) :

"2030 sera l'année des dix printemps des bottes d'Anémone, entreprise régénérative de la filière des fleurs en France.

À travers notre déploiement, nous aurons créé et appliqué à l'ensemble de nos fournisseurs une charte de la production régénérative de la biodiversité, du vivant et des ressources.

Les bottes d'Anémone incarneront et concrétiseront le renouveau de la filière à travers des formations pour les acteurs et actrices du métier, et des actions de sensibilisation, d'éducation et de plaidoyer.

Pour cela notre gouvernance aura intégré dès 2023 la voix de la biodiversité et celle de la Terre et se sera entourée d'experts tout au long du chemin."

Les prochains petits pas

À la fin de chaque session de la CEC on nous demande quels sont les prochains petits pas que nous allons mettre en place dès le lundi suivant. Pour nous il y en a plusieurs qui me semblent atteignables rapidement (avant la prochaine session de mai ;-).

> Entrer en contact avec une structure réalisant des bilans carbone, l'Ademe et BPI France afin de mesurer l'impact actuel des bottes d'Anémone, et d'avoir un point de départ pour nous améliorer (jusqu'au net zéro ?)

> Rencontrer l'Office Français de la Biodiversité, afin de commencer une collaboration à la fois à travers leur programme des "Entreprises Engagée Pour la Nature", mais aussi pour nous faire accompagner sur une mesure de notre impact de la ferme florale sur la biodiversité et nous faire penser plus loin les méthodes à favoriser.

> Et surtout, la grande découverte pour moi au cours de ce weekend : il est possible de faire siéger à la gouvernance d'une entreprise une entité dont le rôle est de porter la voix de la biodiversité, d'une ressources clé, de la Terre... Révélation très forte à mon échelle, et bien que cela ne soit pas un pas quelque chose qui se fait en un email le lundi matin, c'est maintenant une certitude pour moi que Les bottes d'Anémone intégreront dans le comité de gouvernance au moins la voix de la biodiversité, et sans doute aussi celles de la terre vivante et de l'eau. On vous donne RDV plus tard dans l'année pour voir dans quelle mesure j'aurai trouvé la clé :-)

Gratitude et Affirmation

En mot de la fin, j'aimerais exprimer ici ma gratitude très forte envers l'équipe organisatrice de la CEC qui nous porte tous sans jamais juger, avec énergie, sourires, éclats de rires, chansons, douceur et détermination. À nos camarades de camp de base qui nous poussent à aller plus loin dans nos réflexions et nos ambitions tout en nous donnant parfois des clés qui déverrouillent les blocages que je peux encore parfois exprimer ou ressentir en tant qu'entrepreneure relativement récente par rapport aux voisins. Et à toutes les belles personnes rencontrées lors des temps off depuis le début du parcours.

Si je devais choisir un mot post session 2, je choisis celui de l'Affirmation avec un grand "A". L'Affirmation dans nos tripes que nous sommes avec Les bottes d'Anémone sur le bon chemin avec quelques réglages et apprentissages en chemin bien sur. Et l'Affirmation vers l'extérieur et nos parties prenantes que nous allons assumer notre rôle moteur pour embarquer la filière vers un modèle absolument vertueux et régénératif et pourquoi pas embarquer en chemin d'autres entreprises inspirées par notre parcours.

Rendez vous début mai à St Malo pour la suite de notre cheminement accompagné par ce parcours de la Convention des Entreprises pour le Climat.

Tiphaine

photo de groupe
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